La perspective
           
           
    Un petit historique...
   
      La perspective utilisée dans l'art est dite perspective centrale, celle-ci fut particulièrement développée par les artistes de la Renaissance afin de donner davantage de réalité et de profondeur à leurs œuvres. Cependant on ne peut attribuer la découverte de cette forme de perspective aux artistes de la renaissance. Appliquons la méthode des hommes du XVème siècle et faisons un bref retour à l'Antiquité. Les Grecs et les Romains employaient déjà la perspective pour leur décorations sur leurs vases ou sur les murs de leurs villes.      
           
    Puis la perspective semble s'être perdue dans les images noires et belliqueuses du moyen-âge,sans toutefois disparaître des esprits. L'idée de la perspective a même progressé durant cette période. En effet, les croisades ont permis un brassage des cultures et des pensées à travers toute l’Europe. Ainsi l'idée d'un Persan du nom d'Alhazen se révéla à l'occident via l'université d'Oxford. Il avançait que notre perception visuelle dépend de deux éléments : l'aspectus, autrement dit la lumière qui vient des objets ; et l'intuitus, c'est-à-dire le travail de notre esprit. Le premier permet de connaître la couleur des choses, mais seul le second nous renseigne sur leur distance.      
           
      L'utilisation de la perspective revient sur le devant de la scène à l'époque de la renaissance. Cependant sa découverte à proprement parler n'est attribuée à personne. Il semblerait que d'après les traités théoriques sur la peinture rédigés en Italie à la renaissance, qu'elle fut découverte par l'architecte Filipo Brunelleshi. Aujourd'hui on sait que le véritable précurseur est plutôt Giotto di Bondone (1266-1337). En revanche, vers 1415, Brunelleshi pousse l'expérience très loin en cherchant à faire coïncider deux de ses tableaux avec l'image authentique perçue par l’œil. Son expérience est la suivante : sur un panneau de bois, il peint en perspective, avec un grand réalisme, le baptistère St-Jean tel qu'on le voit depuis le portail de la cathédrale de Florence. Puis il se place exactement au point où il a peint la scène. Il perce un trou au dos de son oeuvre, oriente le tableau vers le baptistère, puis place un miroir entre le tableau et l'édifice. Que voit-il par le trou? Tout simplement le reflet de sa peinture qui vient remplacer ce que l’œil aurait véritablement vu. Brunelleshi conclut qu'avec la technique de la perspective, l'artifice et la réalité se confondent... À condition d'être au bon endroit. Pour Brunelleshi, il ne s'agissait que d'un jeu ou d'un défi (ses deux toiles ont été perdues); mais ses contemporains, très impressionnés, y ont vu l'événement fondateur d'une ère nouvelle.      
           
      Les recherches artistiques sur l'effet de profondeur dans les oeuvres ne se sont pas arrêtées aux frontières de l’Italie. Les peintres de l'école Flamande se sont effectivement servis des travaux des Italiens mais ils inventèrent aussi une perspective dite "aérienne" ou "atmosphérique", qui rend la sensation d'éloignement en augmentant la quantité de couleurs froides, comme le bleu : ce qui est en bleu paraît en effet comme perdu dans une brume lointaine.      
           
    On comprend, à travers les différentes étapes de son élaboration, que la perspective centrale est le fruit d'un cheminement de plusieurs siècles et d'un mélange de cultures. Étudions de plus près les aspects de cette perspective.      
           
       
<< | < | > | >>